La violence qui gangrène aujourd’hui notre societé, comme en témoignent les récentes affaires d’affrontements entre bandes rivales dans les quartiers dits sensibles, mais aussi dans les zones rurales ou périurbaines,n’arrive pas à être prise en compte de manière judiciaire » lance le capitain Moreau, qui vient de sortir « Verités d’un capitain de gendarmerie », un brûlot édité à compte d’auteur et déjà vendu à plus de 5000 exemplaires sans aucun diffuseur : » Malgré le formidable travail mené sur le terrain par les gendarmes et les forces de l’ordre en géneral, combien de fois ai-je vu des auteurs d’aggressions, interpellés en flagrant délit ou après une enquête minutieuse, ressortir sans aucune condamnation avec dans les yeux une expression de défi? Pendant combien de temps nos compatriotes vont-ils encore tolérer cela?
Son analyse est sans appel. Page après page, le lecteur plonge dans un univers où la tranquille campagne française prend des airs de cité sensible où tous les coups sont permis.
Atypique, enthousiaste, pragmatique, idéaliste certainement, le gendarme ne s’est pas fait que des amis dans l’institution et règle au passage quelques comptes avec certains de ses supérieurs, qui n’ont pas dû apprécier de se retrouver dans son livre. Mais au delà de ces considérations internes, son témoignage soulève de vraies questions de fond, et touche par sa précision et son désarroi face à des situations judiciaires inextricables, comme celles impliquant: » des mineurs de 13 ans multirécidivistes qui bénéficient d’une quasi impunité.
Pour avoir dit tout haut ce qui chuchote, le capitaine Hervé Moreau s’attendait à une sanction disciplinaire .Il savait pertinnement que son livre avait rompu le »devoir de reserve» Mais en lui infligeant un blâme, une des plus lourdes sanctions qui puisse être à un officier français, la ministre des Armées a décidé de frapper fort. Très fort. Comme si elle voulait rappeler les risques d’une telle prise de parole à tous les militaires qui auraient l’idée de suivre son example: «Je suis tout simplement abasourdi, explique le capitaine Moreau. Je m’etais préparé à des arrêts de rigueur, mais pas à ce désaveu terrible de la part d’une institution que je sers fidèlement depuis près de trente ans, dans l’armée de terre, puis dans la gendarmerie nationale.
Mais ce coup dur renforce encore plus ma détermination. Désormais, je suis prêt à prendre tous les risques pour donner la parole aux gendarmes qui vivent des situations de plus en plus intenables at aux victimes que l’incurie de notre système judiciaire muselle et bafoue. Tout ce que je dis dans mon livre est vrai et j’en assume chaque ligne et chaque chapitre ».